dimanche 22 janvier 2012

Voyage au bout de ma nuit (texte)

Un texte proposé par Jean-Luc Germanicus d'Objectif Image Villeneuve sur Lot





Le thème fait d’abord référence à l’ouvrage de Céline Voyage au bout de la nuit paru en 1932 dans lequel je me suis plongé avec une certaine délectation malgré toutes les controverses relatives à son auteur :



C’est l’histoire des pérégrinations de Ferdinand Bardamu qui se voit malgré lui emporté dans des aventures qui le font grandir mais qui lui révèlent aussi toutes les horreurs et les bassesses de l’humanité. C’est donc un voyage initiatique.



Différents thèmes apparaissent dans le roman :



l'errance à la fois physique et métaphysique du personnage, la ville, la pourriture, l’antinationalisme, l’antimilitatisme, l’anticapitalisme, l’anticolonialisme...Mais Bardamu découvre surtout la lâcheté : l'individu est lâche par essence et, s'il ne l'est pas, il ne pourra échapper aux multiples menaces, guerrières, ouvrières et sociétales de notre civilisation. Céline véhicule à maintes reprises une vision particulièrement nihiliste de la société humaine. C’est donc avant l’heure un roman noir, marqué par la noirceur.



Extrait : « Par là où il montrait, il n’y avait que la nuit, comme partout d’ ailleurs, une nuit énorme qui bouffait la route à deux pas de nous et qu’il n’en sortait que du noir qu’un petit bout de route grand comme la langue. (...) De toute cette obscurité si épaisse qu’il vous semblait qu’on ne reverrait plus son bras dès qu’on l’étendait un peu plus loin que l épaule, je ne savais qu’une chose, mais cela alors tout à fait certainement, c’est qu’elle contenait des volontés homicides énormes et sans nombre. »



1er: Voyage : Le voyage est l’ action de se rendre, d’être transporté en un autre lieu ; c’est le trajet, l’espace parcouru entre deux points. Le voyage c’est aussi un état hallucinatoire provoqué par l’usage d’une drogue, un trip. Le voyage peut-être subi, l’exode, telle l’errance de Bardamu ou volontaire. C’est tantôt une quête, un voyage initiatique, où la réalité se confronte aux illusions.



2ème jusqu’au bout : Définition du Petit Robert : la fin d’une durée qui dure, qui s’épuise. C’est l’extrémité mais aussi la fin, la limite, le terme. Jusqu’au bout : jusqu’à la fin, complètement.



Le bout du tunnel est la fin d’une période difficile sombre... Jusqu’au boutiste... être à bout : être épuisé.



3ème de ma nuit : La nuit est la durée comprise entre le coucher et le lever du soleil ;



crépuscule C’est l’obscurité résultant de la rotation de la Terre, lorsqu’elle dérobe un point de surface, à la lumière solaire. Obscurité ombre, ténèbre nocturne.










Entre chien et loup on parlera du crépuscule (lueur atmosphérique lorsque le soleil vient de se coucher, crépuscule du soir, ou va se lever , crépuscule du matin. Larousse



La nuit tombe, elle peut-être claire, ou d’encre. La nuit c’est l’absence de lumière, l’obscurité, ne subsiste plus que la lune, astre de la nuit, pleine lune, demie lune, lune rousse ou nuit noire sans lune.



Nuit blanche, nuit d’ivresse, de furie, nuit festive, nuit d’amour ou folles nuits... La nuit m’enveloppe dans son manteau d’étoiles.



La nuit porte conseil : La nuit marque une rupture, elle précède et prépare l’éclosion du jour, elle interrompt la pression des évènements, du réel pour laisser place à la liberté du songe, vu comme une raison extérieure et qui conseille l’homme. Dans la tradition grecque, la nuit était qualifiée euphrone, c'est-à-dire « bienveillante, de bon conseil.



Bébé fait ses nuits. La nuit est consacrée au sommeil, aux rêves... Les rêves une suite de phénomènes psychiques des images, des représentations ; des activités automatiques excluant généralement la volonté, l’onirisme....le monde du rêve.



Nuit d’angoisse...La nuit fait peur...Elle est hantée par les cauchemars, les personnages ou choses du passé qui hantent la mémoire. De « quauquemaire », de cauchier qui signifie fouler, presser, et du néerlandais mare, le fantôme (apparition esprit, spectre vampire, lémure). Le fantôme est aussi un fantasme une illusion une production de l’imaginaire où le moi cherche à échapper à l’emprise de la réalité.



On confond facilement les personnes et les choses quand il fait nuit : la nuit tous les chats sont gris. La nuit venue les masques tombent. On y croise des oiseaux de nuit, des papillons de nuit, des veilleurs de nuit, des somnambules et des noctambules. On paye pour une nuit d’hôtel et l’insomniaque attend la première lueur du jour qui apparaît à l’horizon.



Au sens littéraire, celui repris par Céline la nuit signifie le fait de ne pas voir, ne pas comprendre, ne pas sentir...



Citations et ouvrages divers



Frontière invisible entre 2 mondes : celui du songe et de la réalité. Dans le rêve les fictions produites par le sommeil dépassent parfois de très loin la réalité de ce qu’on peut concevoir à l’état d’éveil, d’où il est tentant de conclure que le rêve est réalité puisque la réalité dépasse la fiction.....Edouard de ‘Pazzi










Extraits Le désir du monde



Entretiens Antoine d’Agata et Christine Delory-Momberger :



A d’A (...) la peur cède le pas au désir. Elle l’active et le transcende. Mais cela ne dure pas. La lumière de l’aube jette sur les corps endormis une lumière crue. Les réveils sont une suite de gueules de bois amères. Les fictions de la nuit deviennent improbables. Le monde reprend son apparence d’origine. Celle de ce qu’il n’est pas. Le retour au monde réel, celui du mensonge et de l’illusion, est inéluctable.



CDM : La nuit comme une page blanche, en quelque sorte ?



Ad’A : La nuit reste un espace en creux dans lequel je suis condamné à me perdre. Mais le rapport de virginité au monde qu’elle m’impose me donne le pouvoir de me régénérer. Elle me torture. Elle me nourrit. J’y puise une conscience physique du monde.



(...)Si beaucoup de ces vues tirent sur le noir ou sont attirées par lui, (...) c’est parce que la présence de la lumière y est plus forte, plus dense et parce que le noir a un pouvoir fécondant alors que le blanc résorbe, annihile, fait disparaître. « (...) la couleur blanche est celle de l’effacement alors que la noire loin d’être celle du vide et du néant, est bien plutôt la teinte active qui fait saillir la substance profonde, et par conséquent sombre de toutes choses. (Michel Leiris, Aurora, cité par Bachelard dans La terre et les rêveries du repos, éditions José Corti, Paris, 1948)



La camera obscura est un lieu, une chambre , une antichambre devrait-on dire où toute chose se dématérialise, où tout être se désincarne. Elle est un trou noir dans lequel la matière s’absorbe pour être transformée ensuite en ombre et en lumière...



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Notre vie est un voyage, dans l’hiver et dans la Nuit, Nous cherchons notre passage, dans le ciel où rien ne luit. Chanson des Gardes suisses 1793



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Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire Voilà sa force.



Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux.



C’est de l’autre côté de la vie. LF Céline Extraits de la préface Voyage au bout de la nuit.





Et comme disait gros nounours, Bonne nuit les petits....





Jean-Luc Germanicus



OI 47 (Villeneuve sur Lot)



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